Série MU

Histoire et évolution de la série MU, les expandeurs PCM ultimes

photo:TG100

TG100

photo:TG300

TG300

Dans les années 90 – décennie où les synthétiseurs de production musicale tels que ceux de la gamme SY devinrent la norme – les générateurs de sons PCM connurent une extrême popularité dans le monde entier, y compris sous la forme d’expandeurs : des synthés sans clavier, à poser sur la table ou à installer en rack. Auparavant, on trouvait dans les racks des multieffets, des consoles de mixage et d'autres appareils qu’utilisaient les musiciens pour compléter leur collection de claviers et synthés. À partir du moment où la synthèse basée sur des échantillons PCM permit de reproduire de façon réaliste le son d’instruments acoustiques, à un prix modéré, les adeptes de l’informatique musicale adoptèrent les expandeurs PCM comme source de son, pour leur aspect extrêmement pratique.

Ce développement fut en partie initié par la décision des fabricants d’ordinateurs de mettre sur le marché des modèles de prix modéré, accessibles à des particuliers ou aux familles. Du coup, au fil des années 90, le nombre de propriétaires d’ordinateurs personnels augmenta rapidement, notamment au Japon. Même les non-professionnels pouvaient alors créer de la musique sur ordinateur. Leurs configurations n’étaient pas équipées de racks, les appareils nécessaires se posaient sur une table ou un bureau, d’où le terme anglais de “desktop music” ou DTM (littéralement, "musique de bureau"). Afin de satisfaire ce besoin, Yamaha lança les TG100 et TG300, deux expandeurs pour musiciens sur ordinateur, basés sur les circuits de synthèse TG des synthétiseurs de la gamme SY.

C’est également à cette époque qu’arrive le format General MIDI (GM) – une amélioration importante apportée à la norme MIDI, ce protocole de contrôle indispensable pour les synthétiseurs et autres appareils électroniques musicaux dont le DX7 fut l’un des premiers équipés. Le GM standardise la correspondance numéro de programme/type de son sur les instruments compatibles, ce qui facilite le partage des séquences. Par exemple, lorsqu’un instrument GM reçoit un message MIDI de Program Change 1, il doit sélectionner un son de piano. Et au Program Change 30 correspond un son de guitare saturée. Autrement dit, un fichier de données MIDI correspondant à un morceau composé de plusieurs voix sonnera de façon similaire quand on le lira sur n’importe quel synthétiseur ou expandeur compatible GM, quelle que soit sa marque. Peu après l’apparition du format General MIDI, on vit apparaître dans les magasins des collections de morceaux au format MIDI. Les musiciens amateurs s’échangeaient eux aussi des « MIDI Files », ce qui contribua au boom de l’informatique musicale et des expandeurs GM.

Cela étant, le standard GM avait été intentionnellement conçu selon une certaine simplicité, afin de favoriser la compatibilité. Ainsi, le nombre total de sons (voix) était limité à 128 instruments et une batterie ; et côté effets audio, pas grand chose n’était standardisé. Pour cette raison, les morceaux au format GM manquaient parfois d’expressivité.

Par conséquent, les fabricants d’instruments se mirent à développer, chacun de leur côté, un « super-GM », au Japon tout d’abord, avec des fichiers MIDI correspondants. Dans ce contexte, Yamaha commença à concevoir un nouveau format surpassant de loin les autres. Il fut dévoilé en 1994, sous le nom de Yamaha XG (EXtended General MIDI).

photo:MU80

MU80

photo:MU100

MU100

photo:MU100R

MU100R

Englobant une grande diversité de paramètres de sons et d’effets, le format XG impose des critères supplémentaires au niveau des générateurs de sons et des données. Conséquence : des données MIDI programmées au format XG et lues sur un générateur de sons compatible XG donnent un résultat très proche de l’original, respectant des nuances subtiles. De plus, des morceaux programmés sur des synthés avancés et de haute qualité se jouent sans problème sur des modèles d’entrée de gamme. De quoi assurer le succès du format XG auprès d’une grande diversité d’utilisateurs. Notre premier produit compatible XG fut l’expandeur MU80, en 1994.

Outre un générateur de sons PCM de haute qualité, le MU80 était également équipé d’une entrée analogique, ce qui permettait de lui connecter une guitare ou un micro, pour application d’effets audio via le multieffet intégré. Grâce à ces points forts, et à d’autres puissantes fonctionnalités, le MU80 se forgea rapidement une réputation d’instrument révolutionnaire, idéal pour travailler sa guitare, pour le karaoké et bien d’autres applications. Il laissa la place au MU90, qui lui-même fut remplacé par le MU100 – un expandeur de hautes performances, conçu à l’intention d’une nouvelle génération d’utilisateurs.

photo:Text from the CBX catalog (1997)

Texte de présentation issu de la brochure japonaise CBX (1997)

*1: Les ports d’extension à l’arrière du MU128

Comme le format XG avait été conçu sous la forme d’une spécification commune évolutive, il était possible de continuer à développer sans restriction les fonctionnalités des générateurs de sons compatibles. Cela nous permit d’équiper l’expandeur MU100 d’un système de cartes d’extension enfichables, étendant ses capacités de génération sonore et le rendant encore plus expressif d’un point de vue musical.

Les expandeurs de la série MU avaient été d’abord commercialisés au format compact demi-largeur de rack, pour prendre en compte les besoins des musiciens DTM amateurs. Toutefois, afin de s’adapter au marché nord-américain, où les expandeurs étaient souvent montés en rack, nous avons décliné une version rackable du MU100, le MU100R. Ses dimensions supérieures lui permettaient d’accueillir simultanément deux cartes d’extension différentes. Un point très apprécié par les utilisateurs, qui lui valut un grand succès également ailleurs qu’aux États-Unis.

À la suite du MU80, qui popularisa le format XG auprès des musiciens DTM, de nouveaux modèles apparurent pratiquement tous les ans. En 1998, Yamaha présenta le MU128 – un expandeur polyphonique 128 voix, soit le double du MU100 de l’année précédente. Ce modèle grandement amélioré permettait de jouer simultanément jusqu’à 64 parties (ou canaux). En termes d’encombrement, il mesurait toujours une demi-largeur de rack, mais il était plus haut, ce qui permettait d’y installer jusqu’à trois cartes optionnelles.

Un an plus tard apparurent les expandeurs MU1000 et MU2000. Outre la compatibilité avec le standard GM Series Level 2 (GML2), extension du format GM original, le MU2000 apportait également des fonctionnalités d'échantillonnage simple. Un expandeur puissant, dont les performances allaient bien au-delà de ce qu’on aurait pu attendre d’un « simple » produit DTM.

Le marché DTM tendant à disparaître, le MU500, version simplifiée du MU1000, fut en 2000 le chant du cygne de la série MU. Ces expandeurs sont encore souvent utilisés aujourd’hui par nombre de musiciens, et on retrouve encore les technologies mises au point et perfectionnées lors de leur développement dans de nombreux produits actuels, comme les lecteurs pour karaoké – un aspect incontournable de la culture musicale japonaise – et les générateurs de sons d’accompagnement dans les pianos numériques.

Les cartes PLG – l’arme secrète de la série MU

*1: Emballage de PLG150-DR
*2: Emballage de PLG150-PF

Les cartes PLG (« Plug-in board », en anglais) sont des modules électroniques conçus pour insertion dans un synthétiseur, afin d’étendre ses capacités de génération de son et d’effets. Lors de la sortie du MU100, Yamaha proposa simultanément les cartes PLG100-SG (Formant Singing, voir Chapitre 4), PLG100-VL intégrant la synthèse Virtual Acoustic VA, et PLG100-VH, à la fois vocodeur et harmoniseur sur n’importe quelle partie.

Suivirent les cartes PLG-100DX, équipée de circuits de synthèse FM similaires à ceux du DX7, et PLG100-XG, dont les caractéristiques étaient similaires à celles du MU50. Ces cartes enfichables s’utilisaient aussi sur d’autres instruments Yamaha que les expandeurs de la série MU, et contribuèrent de façon importante au chiffre d’affaires du secteur synthétiseurs de Yamaha, de 1995 à 2005 environ.

Toute la gamme subit une remise à niveau en 1999, prenant le nom de PLG150. Elle se composait de la PLG150-VL (modélisation physique VA), de la PLG150-DX (synthèse FM) et de la PLG150-AN (modélisation analogique). Ces cartes étaient compatibles avec les synthétiseurs S80 et CS6x, et pouvaient également être utilisées avec les MOTIF, commercialisés en 2001. Elles furent vite complétées par la PLG150-PF (sons de piano) et les PLG150-DR / PLG150-PC (sons de percussions). Ce concept de cartes enfichables sortit du monde du musicien DTM pour profiter à tous les utilisateurs de synthétiseurs Yamaha.

photo:A page from the MSPS catalog (1999) describing plug-in boards

Une page de l’édition japonaise du catalogue MSPS (1999), décrivant les cartes enfichables